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    CRITIQUE LITTÉRAIRE
    Enquête sur Edgar Allan Poe - Georges Walter




    Critique publiée par Woland le 06-06-2007

    Sans tourner à l'hagiographie, cette "Enquête sur Edgar Allan Poe" passe volontairement sous silence une bonne part de l'alcoolisme du grand écrivain américain ainsi que toute sa sexualité. Georges Walter, au demeurant excellent écrivain, n'est pas un vautour. Certains regretteront sans doute ce parti pris qui s'explique peut-être par la colère dans laquelle les excès de Marie Bonaparte sur le même sujet ont plongé le biographe. Poe paré d'un alcoolisme qui, selon Walter, ne révèle pas sa vraie nature mais crée au contraire un autre Poe ; Poe dépouillé de cette sensualité morbide qui le pousse à faire de toutes ses héroïnes des mortes ou des demi-mortes, Poe perd un peu de son cachet unique.

    En contrepartie, Georges Walter met en évidence, il faut bien le dire, tout ce qui, chez Poe, est habituellement passé sous silence et, partant, inconnu du grand public. D'abord et surtout la place éminente qui lui revient dans la naissance de la littérature américaine moderne. Car, ne nous y trompons pas, Poe est un moderne. Récupérant ici et là les vieilles lunes du Gothique, les saupoudrant d'un Romantisme qui n'est pas encore sur le déclin et d'une clarté d'analyse qui n'appartient qu'à lui et qui trouve son origine dans ses études grecques et latines autant que dans son intérêt pour les mathématiques, Edgar Poe annonce à la fois le roman policier et le roman d'épouvante du XXème siècle. Mieux : il annonce leurs motivations occultes.

    Mais Edgar Poe, on l'oublie trop souvent, c'est aussi un fabuleux critique littéraire, un lecteur qui écrivait et qui avait l'oeil pour dégager la perle rare du fatras pseudo-littéraire de son époque. Précurseur, avec Dickens, qu'il rencontra lors de la tournée de celui-ci aux Etats-Unis après la parution de "Barnaby Rudge", de ce que nous appelons aujourd'hui le copyright international, il se battit toute sa vie contre les plagiaires. Son rêve - qu'il ne concrétisa que trop brièvement - était d'avoir son propre journal, une gazette littéraire résolument élitiste. Pour cette littérature qu'il aimait tant, Poe ne rêvait que du meilleur.

    Gentleman sudiste jusqu'au bout des ongles - sauf lorsque l'alcool le possédait - Poe portait trop haut la fierté de sa différence pour ne pas déchaîner les haines. Boston, sa ville natale, se méfiait de lui et New-York, si elle lui fut un temps plus clémente avec la parution du "Corbeau", seul véritable succès rencontré par l'écrivain de son vivant, lui porta l'estocade finale. Meurtri, veuf de sa femme et cousine, Virginia, morte à 24 ans de la tuberculose, il comptait se replier sur le Sud de sa jeunesse en emmenant avec lui sa tante, Maria Clemm, lorsque la mort qu'il rencontra à Baltimore, dans des circonstances demeurées énigmatiques, vint contrarier ses projets.

    De ce que fit l'écrivain pendans la semaine qui précéda sa découverte par une âme charitable dans le caniveau de Baltimore, on ignore pratiquement tout. On suppose qu'il s'adonna à son vice habituel et ceci bien que son médecin ne lui eût pas caché que le prochain excès lui serait fatal. Y a-t-il un rapport entre son retour à la boisson et ce qui l'avait poussé, quelque temps plus tôt, à absorber une dose massive de laudanum ? Là non plus, rien n'est sûr, on se contente d'hypothèses. Ce qui est sûr, c'est qu'Edgar Poe mourut épuisé et sans avoir rencontré la Fortune. Mais la Gloire, elle, lui restait. Seulement, il ne le savait pas.

    Après sa mort, son exécuteur testamentaire, le révérend Rufus Griswold et quelques autres unirent leurs efforts pour salir sa mémoire et son génie. De son côté et en dépit de l'admiration qu'il lui portait, Baudelaire, reconnaissons-le, contribua beaucoup à répandre en Europe la légende du "poète maudit", prisonnier de l'alcool et d'autres drogues qui est encore trop souvent celle de Poe.

    Et puis bien sûr, vint la Réhabilitation. Grandes figures du genre policier ou du genre d'épouvante n'hésitèrent pas à proclamer bien haut qu'ils devaient énormément tant au chevalier Dupin qu'à Ligeia ou Bérénice. Se joignirent à eux des poètes comme Walt Whitman, Oscar Wilde, Stéphane Mallarmé (son admirable "Tombeau d'Edgar Poe" est à lire absolument) et les Symbolistes et des romanciers comme Melville, Faulkner, Flannery O'Connor, Dostoievski (pour qui Poe était un génie), Borgès, Emile Gaboriau bien sûr et même Gaston Leroux.

    Côté grand écran, le cinéma ne parlait pas encore que Lon Chaney Sr campait un extraordinaire "Masque de la Mort Rouge". Alfred Hitchcock devait confesser que, sans les histoires d'Edgar Poe, il aurait manqué quelque chose à son art. Des musiciens comme Debussy et Rachmaninov rendirent également hommage à cet extraordinaire sens du rythme qui animait les vers mais aussi la prose de Poe et que la traduction de Baudelaire nous a restitué.

    En d'autres termes, Edgar Allan Poe, qui naquit et vécut la plupart de sa vie d'adulte dans la misère la plus noire et que ses pairs exploitèrent et conspuèrent avec rage, a fini par exercer une influence littéraire quasi universelle. Belle revanche, non ? et qui doit certainement faire rire de bon coeur dans l'Au-delà cet homme qui a eu si peu d'occasions de sourire sur cette terre.


    Le critique : Woland
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