Critique publiée par Caroline le 10-10-2002
 La vie triée, dernier livre de Christophe Spielberger est une œuvre qui donne une autre vision de l'ordre et du monde et sans doute une autre vision de l'ordre du monde… Des allures d'abécédaire que prend le livre dès les premières pages tournées, on ne retient que les allures, car très vite on ne sait dans quelle catégorie classer cette suite d'aphorismes ! L'auteur jette au feu étiquettes et classements et renvoie au placard les scientifiques parlant d'entropie. Il se joue de tous les genres et peut-être aussi des " gens "…
Cent cinquante pages déclinées de A à Z. Comme pour respecter l'ordre des choses, donner une forme " communément admise " au livre, aux attentes et aux idéaux. Un univers créé de vingt-six lettres où le narrateur offre ses états d'âme à la collectivité. Monde où il se lance dans des réflexions quotidiennes incluant les relations sociales, l'amour, la vie de couple, les rêves, les angoisses. On avance…On lit et relit, on tourne les pages dans un sens puis dans l'autre. Envie qui fait perdre tout sens à cet ordre que Christophe Spielberger a voulu imposer par l'alphabet. Etait-ce un véritable vœu de "tri" ou une manière de prouver au lecteur que l'on aura beau trier, ranger, classer : les tiroirs trop plein d'une vie finissent toujours par exploser ?
On apprécie les digressions littéraires de l'écrivain. On en prend note ici ou là, pour être certain de ne pas oublier certaines phrases, pour ne passer outre un certain sentiment de déjà vu ou de déjà vécu.
Sous des airs de " J'ai choisi la facilité ", Christophe Spielberger impose un ton novateur. Partant du schéma imposé par l'alphabet, conformiste, peu contraignant sous la forme ; il forme un jeu de lettres qui semble couler de source, s'imposer comme une évidence. Evidence dont il s'échappe l'air de rien par des réflexions subtiles, déstabilisantes, enivrantes. Jamais il ne sera question de monotonie, de redondance ou de manque de style. Encore moins d'envie de passez de A à Z sans lire le reste du livre. Tous les risques de l'ordre induit par cette suite logique alphabétique ne seront pas de la partie. L'auteur ne sombre dans aucun de ces pièges. Il les a provoqué pour mieux les écraser par un style rythmé et des formules sans appel au ton tantôt désinvolte, tantôt sérieux, fantaisiste ou terriblement réaliste. L'écrivain orchestre les lettres, fait valser les mots sur différents thèmes, sans retenue : même la Conne y passe- (ex-) maîtresse qui porte somptueusement son surnom- et y trépasse ( ? )
Après lecture, une réflexion me vient à l'esprit. Dans l'ordre ou dans le désordre, si tous les cons et la vie de ces cons pouvaient passer sous la plume de Christophe Spielberger, ils me paraîtraient nettement plus sympathiques...
La vie triée, Christophe Spielberger,
éd. Nicolas Philippe; (La Marelle) ; ISBN :
2748800214
Broché - 147 pages (30 août 2002)
Critique également disponible sur l'E-novateur.org
Le critique : Caroline
Note : 
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